Bilan d’une année scolaire en trois épisodes

Des projets en portugais Episode 1 : le gros projet

par Martine Fragoas

« Fuir la guerre pour vivre en paix : récits d’immigration en langue portugaise ».

Un hommage à tous les gens qui ont quitté leur pays pour vivre dignement, en paix , en liberté.
Un objectif fort : faire dialoguer les générations et valoriser les biographies familiales :
Madame Avelares, la grand-mère de Sofia élève de 2°5 est venue nous parler de son parcours depuis le Nord du Portugal jusqu’à Bordeaux.
Enfin, un objectif central en lien avec le (réseau aquitain d’histoire de l’immigration) : Faire évoluer les regards sur l’immigration.

Le Portugal a été l’un des derniers pays d’Europe à décoloniser et parmi les Portugais venus en France dans les années 1960-1970, nombreux sont ceux qui fuyaient la guerre coloniale en Angola, en Guinée Bissau et au Mozambique. Il y a eu les réfractaires, les insoumis, les déserteurs. . « J’ai dit m… à la guerre », comme nous l’a raconté le sociologue Manuel Dias Vaz lors de sa venue au lycée, il fallait du courage et des convictions pour quitter ses amis, ses parents et partir. Il y a eu aussi ceux qui ont anticipé, comme le père de Manuel Mealha qui connaissant la situation en Angola pour y avoir vécu, l’a fait venir en France à l’âge de 15 ans devançant ainsi tous les appels.
Les élèves de seconde et de terminale LV2 de portugais ont mené des entretiens auprès de trois témoins : Olivia Avelares, Manuel Mealha et Carlos da Silva Có. Ils ont été formé à cette collecte de la mémoire orale par Johan Hiriart du rahmi. Ce fut en quelque sorte une initiation au travail de terrain du chercheur en sciences humaines (ethnologue, sociologue, journaliste…)
Isabelly Castro Zocoli élève de 2°5, interroge Madame Avelares, Fabiana Pina–Carvalho élève de TL, aidée de Sandra da Costa, mène l’entretien à la bibliothèque de Mériadeck auprès de Manuel Mealha. Au lycée, à la veille des congés de février, Carlos da Silva Có nous raconte son périple depuis Biombo en Guinée Bissau en passant par Nouakchott, Alger, Madrid, Portugal- Bordeaux. Les élèves du collège Edouard vaillant sont venus assister à cette rencontre et se familiariser avec les lieux pour l’année prochaine.

Puis est venu le moment de transcrire tous ces entretiens au labo de langue, à la maison. Un bon entraînement à la compréhension de l’orale et pas des moindres !
Par la suite les textes des transcriptions ont servi de point de départ à l’étude des notions en terminale, ont alimenté les cours de langues en seconde. A titre d’exemple : étude des temps du passé dans un récit. Le récit de vraies vies se substitue aux documents didactiques de langue.

Une fois les entretiens transcrits, les élèves de seconde ont dû les illustrer : un moyen de réfléchir à l’utilisation des images glanées sur internet et d’évaluer leur compréhension des textes.
Puis nous avons abordé la phase de la création artistique sous la houlette de Jérémie Samoyaut metteur en scène et vidéaste au Théâtre en miettes.
Une journée passée dans l’obscurité d’une salle du Glob théâtre à la rencontre de professionnels du théâtre et d’autres lycéens sélectionnés pour le Nouveau festival organisé par le Conseil Régional a fait naître des désirs et envies de monter sur scène même au plus timide, qui au départ, ne voulait surtout pas s’exposer au regard d’un public. Il se reconnaîtra j’en suis sûre !
Un extrait d’une pièce de théâtre de Bernardo Santareno, un extrait de films étudiés et traduits en classe, des extraits des entretiens ont constitué le texte théâtral à jouer.
Voici le résultat : https://vimeo.com/340423095/7e5c1e84ae